Prendre la Porte
Par Joanie Thériault

Portes de sortie, Dessin naïf aux crayons de bois sur papier d’imprimante, 4’ X 6’, Un après-midi pluvieux de 2017, Joanie Thériault.
Avoir un exutoire, pouvoir avoir une porte de sortie, c’est à ça que ça fait écho chez moi la fuite. Pouvoir s’éloigner d’un tourbillon, d’une énergie malsaine qui s’empare de nous, alors qu’on ne veut pas. Pouvoir fuir ce sentiment que la terre s’effondre sous nos pieds, c’est ça la fuite.
Une réflexion m’a habitée pendant un certain temps face à ce thème. Et elle m’habite encore au moment où j’écris ces lignes et je ne suis pas certaine que j’ai une réponse. À tout le moins, j’ai une réponse en évolution… Est-ce que c’est négatif ou est-ce que c’est mauvais de fuir, de penser à fuir? Est-ce que c’est de la lâcheté? C’est du gros jugement mon affaire, je le réalise. Est-ce que c’est vraiment la question à se poser quand on réfléchit à la fuite? Bon, j’en conviens, peut-être que non. C’est une façon superficielle de traiter la question, me direz-vous. Je me le dis à moi-même mais pourtant, c’est ce qui me vient au premier abord.
Fuir ce qui menace notre équilibre ou qui compromet notre santé, s’éloigner de quelque chose qui nous amène à être déphasé avec soi-même ou qui nous empêche d’être cohérent, de ressentir cette cohérence intérieure, c’est sain ça! Quand on arrive à identifier les raisons qui expliquent la fuite, quand on comprend ce désir de s’échapper, on avance, non? Bien-sûr, il faut se rendre jusque-là et faire l’exercice de se questionner, mais quand on le fait, on chemine vers la connaissance de soi. Alors, est-ce que l’on fuit ou bien on change de cap? Tout est relatif, vous direz. C’est vrai.
Une chose qui est vraie, c’est que fuir est dans la nature même de l’être humain. C’est ce qu’on faisait dès les débuts de notre existence, il y a de cela très longtemps, c’est dans nos gènes de primates de fuir, de s’éloigner de tout ce qui est une menace potentielle à notre vie, à notre intégrité physique. Comme on n’est plus à l’ère de la préhistoire, mais bien à celle d’aujourd’hui, c’est de moins en moins notre intégrité physique qui est menacée, mais de plus en plus notre santé mentale. Alors, être assez allumé pour s’éloigner des choses qui ne sont pas saines pour nous mentalement, ça devrait être salué, non? Moi, c’est ce que je pense.
On devrait être indulgent envers soi-même et envers les autres, et reconnaître que fuir, ça a sa valeur. Que ça fait partie des solutions que l’on a et que, quand on la choisit, la fuite, c’est parce que l’on pense que c’est la bonne décision. On devrait aussi se rappeler que pour plusieurs, avant la fuite, vient une espèce d’acharnement, d’entêtement à vouloir faire fonctionner les choses, à vouloir que ça marche. Alors, après bien des tentatives et de l’énergie en moins, avec le constat que ça ne marche pas, il reste toujours bien la fuite. S’éloigner du pépin, tenter d’ouvrir une autre porte qui va peut-être apporter un résultat différent et mener ailleurs. Je reviens à la charge. Est-ce que c’est fuir, ça ? Pour certains, oui, pour d’autres, c’est choisir.
Choisissons-nous, choisissons notre bien-être et soyons ouverts à constater que les choix sont difficiles. Qu’ils soient une fuite, qu’ils soient un lâcher prise, faisons ces choix pour nous, pour notre bien-être et notre cohérence intérieure…
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Merci Joanie pour cette phrase:
Choisissons-nous, choisissons notre bien-être et soyons ouverts à constater que les choix sont difficiles. Qu’ils soient une fuite, qu’ils soient un lâcher prise, faisons ces choix pour nous, pour notre bien-être et notre cohérence intérieure…
Certaines personnes choisissent la fuite, d’autres font un choix. Je suis d’accord avec toi Joanie. J’aime bien ce passage: « Fuir ce qui menace notre équilibre ou qui compromet notre santé, s’éloigner de quelque chose qui nous amène à être déphasé avec soi-même ou qui nous empêche d’être cohérent, de ressentir cette cohérence intérieure, c’est sain ça! Quand on arrive à identifier les raisons qui expliquent la fuite, quand on comprend ce désir de s’échapper, on avance, non? Bien-sûr, il faut se rendre jusque-là et faire l’exercice de se questionner, mais quand on le fait, on chemine vers la connaissance de soi. Alors, est-ce que l’on fuit ou bien on change de cap? »